La Samaritaine fermée sans raison ?
LVMH avait prévu de fermer la Samaritaine
Un rapport confirme qu’aucune raison de sécurité ne justifie la fermeture définitive du magasin.
A l'appel de la CGT et de la CFTC, une centaine de salariés de la Samaritaine se sont rassemblés, hier, pour exiger que LVMH, propriétaire du magasin parisien fermé depuis le 15 juin 2005, prenne des dispositions pour assurer sa réouverture. Les élus du personnel ont rendu public le rapport du cabinet Pluriel consultant sur les raisons de la fermeture. Ce document affirme que «la fermeture, à titre conservatoire dans un premier temps, suivie de la fermeture définitive » de la Samaritaine par le groupe LVMH constitue « un choix délibéré qui ne peut en aucun cas être justifié par l'avis défavorable de la commission de sécurité ».
Des conclusions sans appel qui confortent celles des organisations syndicales, pour qui l'argument de la sécurité n'a jamais été qu'un «prétexte » pour la direction.
«Nous avons maintenant la preuve que, dès le rachat en 2003, LVMH souhaitait cette fermeture », a affirmé Annick Manceau, élue CGT au comité d'entreprise. Sur la base du rapport, les élus du personnel affirment également que « tout a été fait pour obtenir un avis défavorable de la commission de sécurité de la préfecture de Paris ».
La secrétaire CFTC du CE, Monique Daniel, estime que le rapport d'expert démontre que « la direction n'a jamais appliqué les recommandations de la commission de sécurité, pourtant connues depuis 2003 ». « Pire, en créant 5 000 mètres carrés d'entrepôts supplémentaires, elle a délibérément augmenté le risque d'incendie », accuse Monique Daniel. Troisième élément à charge contre la direction du magasin. Selon Annick Manceau, « la réo-verture de la Samaritaine nécessiterait douze à dix-huit mois de travaux et non six ans comme l'affirme la direction ». « La préfecture exige une mise en sécurité et non une mise en conformité », précise l'élue CGT.
Forts de cette expertise, la CGT et la CFTC exigent que les travaux de mise en sécurité soient effectués pour permettre une réouverture rapide de la Samaritaine. Réouverture qui s'impose d'autant plus, selon les syndicats, qu'à ce jour peu de salariés ont été reclassés. Sur 734 salariés de la Samaritaine, seuls 55 ont retrouvé un emploi. Chez les sous-traitants, seuls 380 salariés sur 680 ont trouvé un nouvel emploi.
Pierre-Henri Lab
Extrait de L’Humanité, 20-01-2006.