Les dossiers noirs de la grande distribution

Publié le par Hugues

 

Pièce à conviction 

 

 

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Pour son premier numéro de la rentrée 2006, Pièces à conviction nous entraîne dans les coulisses de la grande distribution.

 

Pièces à conviction plonge dans le monde de la grande distribution, des négociations commerciales, de la guerre des prix... un monde impitoyable... où les règles et les lois semblent être là pour être mieux contournées.

 

Va-t-on payer plus cher le litre de Coca ou le yaourt Danone dans les mois à venir ? Le 1er janvier 2006, la nouvelle loi Dutreil mettra fin à la loi Galland, tant décriée.Cette dernière interdisait de vendre à perte : pour protéger les fournisseurs, elle a imposé aux distributeurs un prix de revente plancher... Intention louable. Mais qui a déclenché une machine infernale avec l’instauration des fameuses « marges arrières».

 

La nouvelle loi Dutreil entend briser le cycle de la hausse des prix et changer les règles de jeu en les rendant plus équitables... et plus transparentes. Les reporters de Pièces à conviction, Magali Serre et Laurent Richard, sont allés à la rencontre des différents protagonistes et lèvent le voile sur les mécanismes qui régissent le monde de la grande distribution.

 


 

Retour sur les origines et l’évolution en France du fameux « tout sous un même toit », ce concept assez récent qui a bouleversé tous les codes du commerce.

 

L’exemple de Landerneau

 

En 1949, M. Edouard Leclerc ouvre son premier libre-service à Landerneau, petite bourgade de la Bretagne profonde. On ne peut pas parler de grande surface : l’épicerie familiale ne s’étend que sur 50 mètres carrés et, pour la première fois, le client se sert lui-même. Les vitres du magasin ont été teintées afin que les passants ne puissent pas reconnaître les visages de ces consommateurs venus « acheter pauvre » et bénéficier de remises de 20 % à 70 % sur des produits de consommation courante.

 

La grande distribution est née en France dans les années 1950. A l’époque, de dix à douze intermédiaires s’interposent entre l’agriculteur et le consommateur. Le prix payé pour un kilo de pommes est multiplié par quatre lorsqu’il arrive dans le panier de la ménagère. Les denrées sont rares et les prix flambent. Les commerçants bénéficient d’une situation de quasi-monopole.

 Tout sous un même toit

 

Aux Etats-Unis, à la même époque, l’automobile se démocratise. Le commerce spécialisé s’effectue en libre-service dans des sortes de hangars implantés à la périphérie des villes. Les acheteurs ont à leur disposition de grands chariots, de vastes parkings, et même des pompes à essence. L’idée traverse l’Atlantique. Des Français s’en emparent en y ajoutant le fameux concept du « tout sous un même toit » : des produits frais à l’électroménager. En 1963, en banlieue parisienne, est inauguré l’hypermarché Carrefour, première véritable « grande surface » qui, quelques années plus tard, deviendra le plus important distributeur européen, et le numéro deux mondial. Pour le meilleur mais aussi pour le pire, la grande distribution« à la française » vient de naître...

 

Records battus en France

 

Supermarchés et hypermarchés se développent. La France bat tous les records de densité en Europe : en moins de trente ans, le parc passe de 200 supermarchés à plus de 5 000, et d’un seul hypermarché à plus de 1 200. Les magasins ne commandent plus directement les marchandises, mais se regroupent en centrales d’achat pour peser davantage encore lors des négociations avec leurs fournisseurs.

 

A l’assaut des autres marchés

 

Après avoir capté la majeure partie du secteur de l’alimentation, la grande distribution française, insatiable, s’attaque aux marchés de la parapharmacie (soins, santé, beauté), de la communication, de l’informatique, de la bijouterie, des fleurs, du vin, de la billetterie, des voyages, de l’artisanat, de l’automobile, de la banque, de l’assurance, des services, d’Internet, du sport et même... de l’apprentissage de la conduite automobile ! Déjà, le premier bijoutier de France s’appelle Leclerc, et le premier armateur de pêche Intermarché. En France, plus d’un litre de carburant sur deux est distribué en grande surface. Trente mille points de vente traditionnels ont disparu en vingt ans, pour être remplacés par trois mille stations en grande surface.

 

Les grands réseaux conquérants

 

Ces richissimes grands réseaux, qui ont fait la fortune de leurs créateurs et de leurs actionnaires, partent avec les mêmes méthodes, mais avec des moyens décuplés, à la conquête de l’Europe, des pays de l’Est, de l’Amérique du Sud, de l’Asie du Sud-Est, et même de la Chine. C’est maintenant à l’échelle de la planète que se met en place une véritable concentration de la distribution.

 

D’après Coulisses de la grande distribution de Christian Jacquiau, (Albin Michel, 2000)

 

Noëlle Corbefin

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